Abigail Lane

Adepte des narrations décousues, Abigail Lane puise dans ses nombreux centres d’intérêt l’inspiration de ses œuvres. Histoire naturelle et médicale, jeux, magie, cirque et faits divers innervent ses installations, composées d’éléments aux relations complexes, sur lesquelles flotte une atmosphère d’inquiétante étrangeté (uncanny) et d’humour noir.
Ses installations conçues comme des scènes hantées par les corps, le plus souvent figurés par fragments, confinent au sacré des reliques, au médical de l’amputation ou des prothèses, voire même au morbide des scènes de crime.
Dans ses broderies, les fils sont pendants, à l’image de toute l’œuvre où rien ne semble arrêté ou définitif : tout y est en état de transition, entrainé dans le flux, du sang ou des blessures, dans la fragilité même de la vie. Les mots brodés de commentaires ou de statements désabusés et languissants – « Close the Sky », « The End » ou « Exit » – renouent avec la vague du gothique britannique du XIXe siècle.

Née en 1967 en Cornouailles, Abigail Lane a étudié les beaux-arts au Goldsmiths College où elle a joué un rôle important dans l’exposition Freeze, organisée par Damien Hirst en 1988 et considérée comme marquant le début du phénomène Young British Artists, dont Lane a été une figure clé. En trente ans de carrière, elle a exposé de nombreuses fois en Grande-Bretagne (the Institute of Contemporary Arts, Whitechapel Gallery, Serpentine Gallery, Hayward Gallery,…) mais aussi dans l’Europe entière (Centre Pompidou, Paris, Biennale de Lyon, Castello di Rivoli, Turin, Portikus, Frankfurt, Bonnefanten Museum, Maastricht, CAN Centre d’Art Neuchâtel, etc.), et aux États-Unis (Walker Art Centre, Minneapolis, Brooklyn Museum of Art, New York). Depuis 2007, elle vit et travaille dans le Suffolk.